lundi 5 novembre 2007

Island Rescue

On prend une petite île, un petit morceau de paradis, perdu dans cette immensité qu’est la terre, on pose ses valises et l’on s’étend sur la plage. Le sable est si fin, fin par sa simplicité, fin par sa couleur ivoire, fin par son image de farniente. Le corps s’appui donc sur ce sol, las des tourments d’une vie professionnelle et éthique. Les yeux jouent avec le soleil, ardent et complice. Devant s’étend l’immensité d’eau au reflet scintillant et à la courbure infinie. Ce bleu, se mariant au loin avec le ciel, est la seule limite que l’on s’impose perdu sur cette île au milieu de nulle part.


La tête est maintenant reposée sur la silice brulante. Pas un nuage ne surprend la plénitude d’un horizon saphir. Les yeux se ferment, laissant filtrés la lumière ocre de l’astre et rendant orangé l’antichambre des songes. Une dernière fois, les images de la civilisation parcourent notre esprit mais plus rien ne semble si important. Être loin, au figuré comme au propre. Peu à peu, le matériel, l’obligation, la place de l’Homme et l’habitude se mêlent au divin, chassant la pluie et l’odeur de la ville.

Bientôt le ressac de la marée berce notre plénitude. Le soleil sur notre épiderme émet un son qui n’appartient qu’aux amoureux de l’oubli. La chaleur monte du cœur, parcours l’âme et relaxe la peau. Les mains cherchent alors une poignée de sable et la pensée s’envole. Ne reviennent au bout d’un moment que ces souvenirs ou le soleil fut moins présent. Reviennent aussi l’abandon de ses quinze ans et l’inévitable bilan d’une courte existence de 28ans.

Au loin, se réveillent les moments de doute, les interrogations et l’envie inébranlable de disparaître pour toujours de ces souvenirs. Nous n’avons pu les éviter, nous ne pourrons nous en défaire. L’Homme est il fait pour supporter sa vie finalement ? Quelle force et quelle vanité peut être le cerveau humain. Même perdu au fond de nulle part, l’homme reste prisonnier, de soi-même en dernier recours.

C’est le prix à payer, c’est l’Excalibure que nous avons retiré. Pour être roi de son royaume, pour être seigneur de son existence, il nous faut assumer chaque Dame du Lac, chaque joute et subir les blessures du temps. Alors l’exil sur cette île prend tout son sens. Par ce détachement extérieur, nous recherchons une paix intérieure. On se plaît à croire que rien n’est modifié, rien n’est taché depuis le moment ou nous l’avons vécu. C’est plus nos erreurs qui pèsent sur notre cœur que nos échecs.

Alors s’étend devant nous cette immensité bleue aux reflets chatoyants, ce soleil sur notre tête et cette liberté du temps. Nous sommes perdus sur cette île et nous ne rêvons pas forcément d’être retrouvé. Comme si le paradis n’existait que privé de la présence humaine.

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