samedi 18 octobre 2008

Iran, Take the time, don't forget and jump the line

Titre évocateur, article plus direct. Un voyage de plus. Il faut un peu plus de trois semaines pour oublier. Oublier ce que l'on regarde, oublier ce que l'on voit et oublier chaque sentiment. Chacun parle des voyages comme une occasion de découvrir le monde, de partir loin et de ramener dans ses valises un peu de l'âme de chacun. Je crois que partir en voyage est pour moi la conséquence directe d'un manque. La raison demande plutôt de s'attaquer à la cause du manque plutôt que de fuir constamment. Mais rien n'y fait. Rien ne semble échauder ce cycle en moi. Et cette fois-ci, c'est l'Iran qui a payé mes pots cassés.



L'avion n'a même pas encore été sorti des atelier de maintenance que mes problèmes ont commencés. Même avec trois heures d'avance à l'aéroport, j'ai failli louper mon vol. Une procédure interminable pour fouiller mes valises (en vrai, un seul sac mais bon...) à la vu de ma destination sans compter la vérification de mon visa et de mon contact sur place. ça n'a rien à voir avec les super questions lors de voyage aux états unis mais bon, c'est jamais très agréable. C'est la seule fois depuis plus d'un mois que je bénis ma condition de célibataire. Les "formalités" dépassées, j'accède à l'appareil, le cœur aussi gonflé qu'une pastèque et le cerveau commandant continuellement à mes jambes de faire demi-tour. Pas facile de lutter contre la raison occidentale, heureusement que mon coeur est toujours le plus fort. Jusqu'à quand...

L'Emirates décolle et je ressens ce sentiment undescriptible d'être le seul sur une planète. On m'avait parlé du ratio Blond et de la disparition progressive de ce gène nordique. Entouré des autres passagers, je suis le seul que la nature à donné la couleur et la chevelure plus claire. Je souris interieurement, ma naïveté l'emporte sur le naturel méfiant et j'accèpte pour quelques temps d'être l'exception. L'hotesse de l'air parle un allemand impéccable mais mon vocabulaire est un peu rouillé. Elle n'est pas très jolie mais son sourire me réconforte un peu. Je ne suis pas encore tout à fait en cette terre d'Islam que la désinformation occidentale affirme comme axe du mal et sous-developpé. Je me rassure aussi en me disant qu'Abbas m'attendra à Téhran(Téhéran). Je suis seul et j'aimerai que cet avion n'atterrisse jamais.


Après quelques films, quelques albums et un paquet de questions posées sans réponse, le mont Töchal (latin) est en vue. Je ne suis plus très loin, plus loin de la naissance de l'humanité dans ce qu'elle a de plus beau, sa civilisation. Je survole les 5000 ans d'histoire de l'écriture, du commerce et de l'art. Mon cœur palpite et je me sens vivre. J'ai soudain hâte de descendre de l'avion, courir dans ce monde et volé un maximum d'image. Le rituel est assez déstabilisant. A l'annonce en farci de l'approche de l'aéroport, comme une volée ordonnée, les foulards se nouent sur les têtes brunes en réponse aux fermetures des ceintures. "Je suis dedans". Pas de retour possible.


Abbas m'attendait. Contre tout pronostic, c'est dans le bus me ramenant au "terminal" qu'il m'accueille. Je suis heureux de le voir et étonné de le sentir aussi décontracté qu'une semaine auparavant autour d'une pinte au doggie's (pub londonien). La structure de l'Imam Khomeini International Airport est certes un peu poussiéreuse mais plutôt respectable. Abbas m'explique qu'il me faut rejoindre le check point ou il servira de "garant". Je me retrouve, mon sac et moi, seul dans une petite salle, écarté d'une autre réunion ou mon ami semble expliquer mes futurs allers et venus. Une petite demi heure s"écoule et se solde sur une fouille de mon sac. Les policiers, étincelant dans leur uniforme me jette un sourire en me tendant mon passeport. Je ne sais comment les remercier. De quoi, je ne sais pas, mais maintenant m'attend un bout d'histoire.


Abbas m'emmène illico au poste de police central de Tehran, quelques km plus loin. Je dois y laisser mon passeport contre un sauve-conduit. Si je calcule bien, je suis contrôlé en tout et pour tout 4 fois depuis mon arrivée, mais proportionnellement moins longtemps que pour un aller-retour Paris-NYC... Tehran me livre ses premiers charmes en cette fin d'après midi et je sens que mon visage doit avoir l'expression de mes 15 ans tant mes pores respirent l'inconnu. Abbas est fier de me montrer son pays, son monde et je me sens si chanceux, at least...

Il fait beau mais ce n'est pas une raison pour traîner, pas encore. Abbas me ramène chez lui. En fait, dans sa famille. C'est étrange que ce jeune homme d'une trentaine d'année, gagnant près du PNB de la ville par mois vie encore chez môman. Je ris encore de cette remarque qui n'a pas semblé lui plaire et qui dénote bien qu'Abbas laisse toujours son raisonement occidental à la descente de l'avion. Je me dis qu'il faut en faire autant. Le vieux taxi (pour homme) nous traîne vers le quartier Beryanak (au sud) ou vit sa famille. Le couple parental, Lenita et Majnoun ainsi que sa soeur, Faezeh de quelques années sa cadette. A notre arrivée, Abbas me sourit et me demande de descendre seul du taxi. La maison ressemble à ces maisons américaines de banlieues, petit perron et porche en bois. Toute de blanc réhaussée. Je prends mon sac et me dirige vers la porte d'entrée. Je jette un coup d'oeil à gauche puis à ma droite, fais volte face vers le taxi. La porte de la maison, en s'ouvrant, me fait me retourner. J'ai alors à 5mètre de moi le plus beau des sourires. Majnoun me fais signe de venir. Abbas m'expliquera plus tard qu'une tradition Perse demande à ce qu'un visiteur franchisse seul le seuil de la maison d'acceuil, en signe d'acceptation volontaire des règles de l'hôte. J'ai enfin retrouvé mon sourire perdu il y a quelques mois à Paris.

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1 commentaire:

Anonyme a dit…

superbe récit gars, vivement la suite :)