lundi 8 décembre 2008

Blue Monday

Tout est réalisable,

Force est de constater que le vent tourne aussi facilement que la quote d’Alcatel. Finalement, il est rare de s’assurer un fonctionnement propre et linéaire. En ce sens, je voudrais lever mon poing, baisser ma retenue et crier au monde que « Non, le lundi est une journée magnifique et qu’elle est meilleure même que le vendredi ».


Je sais, vous exprimez votre dégoût à cette accroche. Pete est encore dans ses délires anticonformistes et emprunt d’amour du contre-courant. Un Calvin de 30 ans. Et bien oui, vous avez raison, raison d’avoir tort, tort de croire que le lundi est une journée sans fin et sans saveur.


Le lundi, pour la plupart de nous, êtres humains, c’est comme un gros gâteau d’épinard dont il faut se taper la première part. C’est le métro (Paris, Londres ou NYC) pour les piétons, avec son cortège de visage, tous pervers pour les femmes et tous abrutis pour les hommes. Les effluves de parfums, de gel douche et d’haleine des fumeurs du matin. Le rêve de tous les philosophes grecs lorsqu’ils imaginaient le futur.


Le lundi, c’est aussi la descente du lit la plus lourde de la semaine. On y est entraîné par les restes non digérés d’alcool du vendredi-samedi et la tourte de maman du dimanche familial. Pour les chanceux, c’est le regard noir du partenaire dès 07h30 et son haleine de métro à l’état encore brut (c'est-à-dire non mélangé au fluor du matin). Un vrai bonheur, surtout si celle-ci est récemment invitée à passer la nuit, donc encore mystérieuse la veille mais terriblement banale le lendemain.


Le lundi, pour certains, est aussi la clôture d’un week-end pourri pour démarrer une semaine d’avance merdique. Comme un cycle sans fin ou on ne peut s’en tirer qu’à coup d’antidépresseur ou de cocaïne. Le lundi est le point d’orgue de cette vie sans ketchup pour les patates le midi et sans préservatif pour le gosse de 15 ans. Comme une perte de temps. Le lundi, c’est le « matin-rasage » le plus difficile pour l’homme et la journée « soutif-le-plus-pourri » pour les femmes. Comme une plante, on naît le vendredi soir et on meurt le lundi à 06h du mat.


ET pourtant tout ceci est faux. Le lundi, c’est la journée que nous devrions préférer. Elle a cette saveur incomparable qui donne au temps toute sa valeur. Le lundi, le monde est en berne et la cocaïne que je synthétise naturellement accentue grandement le gap entre mes voisins aux traits mécontents et ma vision rose-bonbon du lundi-tout-nu. C’est aussi le jour ou je trouve les femmes le plus jolie. Elles sont douces et perdues dans leurs pensées. Elles ont ce petit quelque chose qui donne envie de les serrer dans les bras, de les protéger et de leur dire que la vie est si belle.


Le lundi est la goutte de rosée sur une fleur, pour l’observer il faut braver le froid, l’heure et la torpeur, mais cela laisse un souvenir impérissable. Le lundi est une félicité, surtout lorsque ma voisine met des bas et oublie que sur le desk, les sièges offrent une géométrie variable laissant poindre délicatement l’érotisme de la cuisse d’une femme. Mardi, elle oubliera cette désinvolture et sera rentrée dans sa semaine. Elle n’aura plus cette spontanéité, cette douceur et remettra un tailleur strict en serrant sa coiffure en chignon.


Le lundi est la journée ou chacun est au naturel et aujourd’hui, c’est Londres qui me manque.



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